Camp 1 – Prisonniers des glaces

Camp 1 est un petit jeu gratuit de plus dans la nébuleuse GameJolt / Itch.io / IndieDB. Je ne saurais dire pourquoi je l’ai téléchargé puis lancé un dimanche matin. Je pensais voir à quoi il ressemblait pour éventuellement en parler dans les chroniques du chaologue ; je me suis retrouvé une heure et demi plus tard à regarder la fin.

Mais pourquoi donc ce point&click particulièrement pauvre graphiquement avec ses quelques couleurs et sa résolution 320×200 m’a-t-il donc aspiré dans son univers ? Sans doute parce que malgré ses graphismes d’un autre âge, il sait poser son ambiance froide et pénible dans le monologue d’introduction. Gorski est un prisonnier envoyé dans cet endroit perdu pour y purger sa peine en travaillant au transport d’échantillons récoltés par une équipe de scientifiques. Le jeu commence lorsqu’il doit effectuer son dernier trajet avant sa libération ; vous vous doutez bien que quelque chose va mal tourner.

Victime d’intérêts plus grands que le sien, il sera plongé dans une intrigue dénonçant l’absurdité bureaucratique et l’avidité humaine. Dans un endroit aussi hostile que ce bout de planète congelé, le moindre incident technique met en danger la survie du camp et Gorski fera face à de nombreux puzzles et devra fouiller la base et ses environs pour tenter de comprendre la nature réelle de la menace.

Les graphismes limités sont tout de même suffisamment lisibles pour saisir la nature spartiate, désolée et isolée des lieux. L’unique musique (Gnossienne n°1 d’Erik Satie) est distillée avec parcimonie et garde son effet désespéré malgré sa répétitivité. Les effets sonores sont simples mais propres et le tout donne un jeu simple techniquement mais bien construit.

Il est toujours difficile de parler d’un point&click, surtout aussi court, sans en dévoiler le scénario, mais sachez que les quatre personnages auront le temps de se révéler bien plus profonds qu’ils n’en ont l’air au premier abord. Parker, Chen, Adwa et Gorski sont simplement mais correctement écrits. J’ai eu toutefois du mal à comprendre que Parker et Chen étaient des femmes, vu la qualité des graphismes, mais leur genre n’a que peu d’importance dans le scénario. Camp 1 évoque surtout leur condition de prisonniers, leur mission et ce qu’ils sont prêts à faire pour parvenir à réduire leur peine, au détriment des autres s’il le faut.

Développé sur le moteur AGS, le jeu est un point&click on ne peut plus classique, avec le personnage à déplacer sur différents tableaux, des objets à ramasser, à combiner, à utiliser, des placards à fouiller et des pixels à chercher. Les puzzles sont relativement simples, surtout que les indices permettant leur résolution sont disponibles mais souvent cachés. Trouver l’énigme n’est donc pas le plus dur, c’est comprendre que tel élément représente la solution qui s’avère plus ardu.

Si l’on excepte deux de ces énigmes particulièrement alambiquées, le reste est logique mais nécessite de la réflexion. La frustration est donc dirigée vers soi-même (« mais oui, je suis con, c’était ça ») plus que vers le jeu. Une qualité que tous les point&click payants ne peuvent se vanter d’avoir.

Camp 1 est une courte aventure cruellement réaliste dans un univers glacé, bien écrite mais desservie par ses graphismes qui peuvent rebuter. Ils sont pourtant le parfait support à ce drame intimiste qui se joue dans cette prison à ciel ouvert. Pour ceux qui sauront dépasser leurs réticences, le jeu des suédois de Waxwing Games en vaut la chandelle par son écriture, ses puzzles intéressants et son ambiance oppressante. Trouvable sur un paquet de plateformes ainsi que sur IndieGameStand.

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