Predynastic Egypt – La possibilité du Nil

Des mécanismes de jeu de plateau, un thème fédérateur, de la stratégie au tour par tour et des graphismes tout à fait tolérables : voilà un bon début. PreCiv Egypt vous place à la tête d’une tribu de bouseux habitant aux bords du Nil 5 000 ans avant notre ère. Votre mission sera d’emmener ce peuple aux confins du fleuve et de rallier les autres tribus pour fonder la civilisation égyptienne. Rien que ça.

Réalisé par les russes de Clarus Victoria, précédemment auteurs de jeux pour mobile (PreCiv Stone, Bronze et Marble Age), PreCiv Egypt est leur second jeu disponible sur Steam après PreCiv Marble Age. N’ayant jamais touché aux précédents, je ne m’avancerais pas sur leur intérêt (tout juste puis-je préciser que Marble Age jouit d’une évaluation très positive sur Steam et est passé plusieurs fois en bundle) et je vous parlerais uniquement de ce titre sorti le 10 octobre 2016.

Un joli plateau avec ses cartes et ses jetons.

On retrouve un certain nombre d’éléments d’un Civilization : utilisation de population pour exploiter les cases, de la recherche et de la construction de bâtiment mais on peut arrêter là la comparaison. Ici on ne mène pas notre barque avec autant de liberté, on suit un scénario historiquement cohérent déjà pensé. Le challenge consistera à suivre le rythme imposé pour ne pas se retrouver dans l’impossibilité de gagner.

Vous devez donc tout d’abord vous installer sur les lieux de votre future cité en ordonnant à votre unique unité de population d’aller ramasser des baies pour stocker de la nourriture. Cette ressource vous servira principalement à recruter de nouveaux travailleurs et ces nouveaux bras iront explorer les environs afin de débloquer l’accès à de nouvelles terres, de nouvelles possibilités.

Sous peu vous commencerez à stocker des matériaux de construction pour construire vos premières cahutes, vos premières fermes et votre premier temple. La culture créée sera utilisée pour la recherche et la prière vous apportera des bonus, selon le dieu que vous aurez choisi de vénérer.

Puis un beau jour, vous aurez une population en pleine expansion qui aura construit une véritable cité où se côtoient artisans, fermiers, soldats et prêtres ; il sera alors temps de remonter le Nil à la rencontre de terres vierges… ou déjà squattées. D’autres tribus habitent en effet les alentours et il faudra choisir comment les gérer. Le commerce, la guerre ou l’amitié sont autant de méthodes viables selon les peuples.

La guerre, la négociation ou la prière ?

Lorsque ces peuples auront été assimilés de gré ou de force à votre culture, vous rentrerez dans la dernière phase du jeu : l’unification de toute la vallée du Nil et l’établissement de véritables villes à l’embouchure du delta.

Si les premiers pas sont évidents puisque les possibilités sont très restreintes, la suite demande de la planification, de l’optimisation (déplacer les travailleurs qui récoltent deux unités de nourriture là où ils pourront en ramasser trois), de la prise de risque parfois et finalement assez peu de chance. Il existe bien des événements aléatoires qui viendront modifier légèrement les conditions mais globalement tout repose sur vos décisions.

La première partie est un très bon moment. La progression est régulière, bien dosée et intelligente. Les lieux se découvrent sous nos yeux, on part explorer la savane ou casser la gueule aux autres tribus, on construit des temples, on prie de nouveaux dieux piqués aux voisins, le tout accompagné par une direction artistique soignée. La population représentée sous forme de cartes s’anime en fonction de son métier, quelques illustrations viennent saluer de nouvelles découvertes et la musique est tout à fait acceptable, dans un style caractéristique des lieux.

Ces illustrations sont trop rares.

On pourrait reprocher quelques maladresses d’interface avec ces boutons flottants qui jurent un peu, qui apportent souvent des informations redondantes et qu’on ne peut virer d’un clic droit. Mais ça c’est avant qu’on se rende compte que si les objectifs à atteindre restent toujours visibles tant qu’ils n’ont pas été atteints ou ratés, d’autres messages ne passent qu’une seule fois. Celui qui indique qu’il reste cinquante tours à jouer, ça aurait valu le coup de le garder par exemple. Mais je chipote.

Le principal souci de ce jeu, c’est malheureusement sa rejouabilité. Si on peut modifier les conditions de départ (en réalité, modifier légèrement le niveau de difficulté et le score de fin de partie), le reste de l’aventure est sur des rails. Les mêmes événements se produiront au même moment, la FAQ permet d’ailleurs de vérifier le calendrier prévu ; utile car si vous ratez le coche sur un objectif, vous n’aurez pas la possibilité de revenir dessus.

L’exploration est aussi au programme.

Si connaître à l’avance ces dates est pratique pour faire un score optimal, ça gâche tout de même pas mal l’immersion. On sort de la naissance d’une civilisation pour entrer en gestion de ressources en vue d’une date qu’on n’est pas censé connaître. Dites au revoir à la suspension consentie d’incrédulité, elle était déjà sympa d’être passée.

Je remercie chaleureusement Lucretia, qui a réalisé la traduction française du jeu (bientôt disponible) qui m’a fait découvrir ce titre. J’ai passé trois heures de grande qualité lors de mon premier run, achevé sur une défaite sur le fil. C’est un jeu de plateau solo assisté par ordinateur aux mécanismes simples et intelligents qui apporte une satisfaction immédiate mais dont, à mon sens, l’intérêt chute violemment dès la deuxième partie.

Seule la motivation de faire un meilleur score saura vous donner envie de retourner coloniser les plaines fertiles d’Egypte d’avant la construction des pyramides. Disponible pour 8,99€ sur Steam, PreCiv Egypt gagnerait beaucoup à proposer des parties qui savent se renouveler autrement que par des conditions de départ plus ou moins handicapantes.

EDIT : Suite au pétage de câble de 2K sur l’utilisation du mot Civilization, le jeu est renommé en Predynastic Egypt . Encore un bel exemple d’abrutisme chez 2K, qui se réveille à la sortie de Civ6 pour virer le jeu du magasin Steam au lieu d’agir correctement.

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